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Le monopole des pharmaciens n'est pas un monopole (version courte)

2014-06-16 lundi

En répondant à un mail ce soir, je suis reparti sur l'un de mes chevaux de bataille préférés : le terme « monopole des pharmaciens ». Grrrrr !

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Selon Wikipédia, monopole est un mot construit par deux mots issus du grec :

Monopole est donc uniquement un terme d'économie décrivant un marché sur lequel il n'y aurait qu'un unique vendeur. Par extension (déjà considérée comme abusive), Wikipédia précise que monopole peut également être appliqué dans le cas où un seul vendeur dominerait le marché par rapport à ses concurrents, mais que dans ce cas, parler de position dominante serait plus approprié.

Puisqu'il n'y a pas (et fort heureusement) qu'une seule chaîne de pharmacies dominant les marchés des médicaments actuellement en France, il n'y a donc pas de monopole dans l'officine, et cela par définition ! 1

On me fait régulièrement référence à une autre définition pour le mot monopole, mais elle est tout simplement impropre et il faut cesser de l'utiliser. Les pharmaciens en premier lieu doivent cesser de l'utiliser.

Je lutte donc contre la polysémie du mot « monopole ». Et que je sois bien clair : si le fait qu'un mot ait plusieurs sens ou si le fait que le sens d'un mot puisse varier dans le temps, peut parfois aboutir à des choses très intéressantes en poésie ou en histoire des langues ; la polysémie en sciences formelles comme en sciences sociales induit régulièrement des confusions au mieux pénibles et au pire dramatiques.

Ainsi, si casser les monopoles constitue toujours une bonne chose (allez, je ne vais pas faire mon libéral radical cette fois-ci : je vais juste écrire « souvent » !), vouloir étendre ce qu'on appelle à tort « monopole des pharmaciens » aboutirait sans le moindre doute à un rachat de la majorité des officines (et la disparition des autres) par une poignée de grands groupes. Et c'est là qu'on obtient un bon gros monopole, 2 avec tous les désagréments qui vont avec pour les consommateurs et les contribuables… bref, pour les citoyens !

C'est donc :

… qu'il faut bannir l'expression « monopole du pharmacien », pour la remplacer par exemple par « droit réservé de vente des médicaments », déjà beaucoup moins péjorative pour les braves titulaires de ce droit mais surtout juste. Juste juste ! Et c'est important la justesse dans le discours ! Parce que, et ça me semble particulièrement flagrant dans notre cas, cela peut éviter des bêtises politiques.

Voilà, j'espère sincèrement avoir convaincu les représentants des pharmaciens d'officine qui passeront par là.

Pour une autre explication peut-être plus ludique, lisez ceci ^^ :

À plus !

Notes de bas de page:

1

Et s'il s'avère que c'est finalement approprié par définition, qu'on me cède au moins que ça ne l'est pas par étymologie ! ^^

2

Plus précisément, je décris là un cartel et pas un monopole. Mais les conséquences sur les marchés de ces deux situations sont les mêmes, bien que potentiellement moindres dans le cas d'un cartel.

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